Réponse à l'article du Dauphiné Libéré
Réponse à l’article concernant EDSB paru dans le Dauphiné Libéré le 26 Juillet 2018
M. Marc Platon conclut le panégyrique d’EDSB, dont il est directeur général, par le dicton : « les
petits ruisseaux font les grandes rivières ». Il aurait pu aussi bien écrire : « les grandes rivières font les petits ruisseaux, une
fois captées par les conduites forcées » dont il est un spécialiste.
L’hydroélectricité a beaucoup de vertus : elle ne
produit pas de CO2, tout comme l’éolien, le photovoltaïque ou le nucléaire. De
plus, elle a souvent un prix de revient intéressant et lorsqu’elle est produite
par des barrages réservoirs elle permet de faire face aux pointes de
consommation.
Toutefois, une source d’énergie renouvelable n’est pas
systématiquement écologique ni économique.
Si l’on prend l’exemple du projet de centrale du Petit
Tabuc, au Monêtier les Bains, pour lequel un dossier de demande d’autorisation
a été déposé, il apparaît clairement qu’il engendre des nuisances écologiques et
esthétiques et nuira de ce fait à l’attrait touristique. En effet, le
vallon du Petit Tabuc est la randonnée la plus fréquentée du Parc national des
Ecrins, attirant plus de cent mille visiteurs par an.
Le captage du torrent, via une conduite forcée sur 800
m de son cours, va réduire son débit de façon drastique, jusqu’à 80 %
parfois ; il en résultera une moindre humidification des rives avec un
impact important sur la flore et la faune et sur l’approvisionnement des canaux d’irrigation pour les jardins potagers locaux.
Ce constat est d’autant plus désolant que ce projet n’est
pas rentable pour les citoyens que nous sommes tous :
EDSB a délibérément réduit
la taille du projet pour bénéficier d’une loi qui oblige EDF à racheter
l’électricité produite à un prix très élevé (0,12€/kWh), alors qu’EDF n’a pas
besoin de cette électricité produite en été et devra la revendre sur le marché
à perte. Bien entendu, ce sont les consommateurs qui
paieront cette subvention via la contribution au service public de
l’électricité (ligne CSPE de votre facture, environ 17 % du total), et
permettront à EDSB de dégager un gros profit sur ce projet.
On comprend que de
plus en plus de voix s’élèvent pour demander l’arrêt des subventions à la
petite hydroélectricité.
EDSB se flatte de réduire le
volume de CO2 produit ; cela est inexact; son électricité est certes
produite sans CO2, mais quand elle se substitue à de l’électricité d’origine
nucléaire il n’y a donc pas de réduction. Sa production, en juin 2018, a déjà dépassé de 30 % la consommation de ses
clients; toute production estivale additionnelle sera revendue à EDF qui réduira d’autant sa
production déjà exempte de CO2 ou l’exportera.
En conclusion, au risque d’être
un peu trivial, s’il n’y a plus d’eau dans les torrents des Alpes, pour EDSB, tout « baigne »!